Par
Dominique Husson-Le Saint †
Equipe
Loisirs, Culture et Foi
du Diocèse de Coutances
Coutances, le 9 février 2003
LA
CATHEDRALE
ŒUVRE ET SIGNE DE FOI
DANS LE PAYSAGE ET DANS LA VILLE
Ce que je vous propose de partager maintenant est le fruit
d'un enseignement reçu à l'Institut catholique de Paris
(Institut des Arts Sacrés), de quelques lectures, et de quelques
intuitions personnelles qui sont tout à fait matière
à réflexion et à débat. Comme certains
d'entre vous l'ont peut-être lu dans la Manche libre, l'équipe
Loisirs, Culture et Foi du diocèse de Coutances, dont je fais
partie, regarde avec beaucoup d'intérêt l'expérience
d'aujourd'hui, et souhaite pouvoir utiliser les enseignements qui
en seront tirés pour l'organisation d'une formation des personnes
proposant l'accueil des communautés chrétiennes dans
notre diocèse. Donc, toutes vos questions, critiques et suggestions
seront les bienvenues.
Après
l'exposé d'Agnés Lemesle sur la cathédrale vue
du dedans, de l'intérieur de la Foi, je vous propose de consacrer
quelques instants à la regarder du dehors, pour prendre physiquement
et mentalement un peu de recul. Le recul n'est là qu'un autre
mot pour le respect. Respicere, en latin : regarder de plus loin,
pour mieux voir.
Nous la regarderons du-dehors, physiquement (dans le paysage physique,
et dans le paysage urbain) et mentalement (dans une approche du sacré
primitif et dans la sensibilité de nos contemporains)
La
silhouette de la cathédrale est offerte à tous les regards.
J'aurais
aimé -mais le temps et la saison ne s'y prêtent guère-
vous emmener plus loin, sur les chemins de crête qui font le
tour de Coutances, voire plus loin encore, pour bien percevoir avec
nos yeux, et tout notre corps, combien la cathédrale est d'abord
un signe dans le paysage.
Tantôt sous un angle, tantôt sous un autre, tantôt
encadrée de verdure, tantôt pointant juste ses flèches
au dessus du moutonnement du bocage, tantôt majestueusement
trônant au centre de l'espace comme dans la côte de Monthuchon,
tantôt se détachant sur fond de mer éclairée
au couchant, elle nous fait signe. Et même, pour ceux qui naviguent
entre Granville et Chausey, elle est souvent ce qu'on appelle un "amer".
La cathédrale est en même temps un amer et un repère.
Presque un couple parental!.Elle est une présence rassurante.
"Le phare des âmes" disait le poète Louis Beuve.
Même lorsque je ne la vois plus, elle est là, elle m'attend
au prochain virage. N'est-ce pas à l'image de la présence
de Dieu dans notre vie ? Je sais qu'il est là. Parfois, je
l'oublie. Et il ressurgit, au moment où je m'y attends le moins.
Certains se souviennent peut-être de la carte annonçant
l'ordination épiscopale du Père Simon. La cathédrale
de Clermont, noyée dans le moutonnement urbain, et la citation
"Il y en a un qui se tient au milieu de vous, et vous ne le savez
pas".
De
plus en plus nombreux sont nos contemporains qui se déclarent
sans religion, a-religieux. Or, si nous écoutons le grand historien
des religions, Mircea Eliade, "un homme uniquement rationnel
est une abstraction." L'homme religieux des sociétés
modernes, nous dit-il, est toujours l'héritier de l'homo religiosus
des sociétés primitives. Il perçoit le monde,
bien souvent à son insu, au travers de toute une mythologie
camouflée et certains symboles éveillent en lui une
saisie métaphysique du monde.
Quelques
traits universels de l'expérience religieuse primaire ont été
observés par Mircéa Eliade dans quantités de
peuples, de cultures et d'époques différents. Comparons
les à l'émotion que nous procure notre cathédrale,
et nous en proposerons ensuite une lecture à la lumière
du christianisme.
D'abord
l'orientation
Pour
l'homme religieux, rien ne peut se faire sans une orientation préalable,
et toute orientation implique l'acquisition d'un point fixe. C'est
la rupture opérée dans l'espace, c'est la non-homogenéité
de l'espace par la désignation d'un axe central, qui permet
toute orientation future. C'est le rôle du poteau sacré,
du totem. Mais c'est la même démarche dans la célèbre
fondation de Rome (la Roma quadrata) puis de toutes les villes romaines
(le cardo et le decumanus, les deux axes principaux de la ville se
croisent à angle droit) et dans quantité d'autres rites
de fondation. Le monde n'est habitable qu'orienté
Songeons au malaise physique que nous éprouvons dans le brouillard,
par exemple, ou pire dans une avalanche, lorsque nous ne savons plus
où sont le haut et le bas, le devant et le derrière,
la gauche et la droite. Sans doute parce que notre corps lui-même
est orienté. Songeons aussi à l'usage abondant qui est
fait dans la psychologie moderne de la notion de "désorientation",
de perte de repères.
Grâce
à la cathédrale, autour de la cathédrale, l'espace
est orienté. Elle ordonne le paysage, et le paysage lui est
ordonné. Le monde a un ordre. Ce n'est plus un chaos, mais
un cosmos. Grâce à ce repère familier, mais toujours
majestueux, je sais où je suis. Je me situe par rapport à
elle. C'est aussi la découverte de l'altérité
et donc du dialogue. Et quand ce dialogue se réitère,
parce que l'on vit ici, s'ajoute un sentiment d'appartenance et d'identification.
Ma cathédrale, disent souvent les coutançais. Elle est
à moi et je suis à elle. Elle me donne la vraie liberté,
qui est d'être de quelque part.
Deuxième
symbole : la hauteur
Si
on la voit de partout, la cathédrale, c'est parce qu'elle est
sur la hauteur. Voilà une belle "Lapalissade", bien
sûr.
Grâce à Dieu, aucun gratte-ciel ne menace encore de la
"rapetisser" comme la cathédrale Saint Patrick à
New York ou l'église Sainte Catherine à Montréal,
toutes petites à côté des gratte-ciel qui les
entourent. Elle est sur la hauteur, comme de multiples sanctuaires
dans de multiples religions, comme nous l'explique encore Mircea Eliade.
C'est un des réflexes de base de l'homo religiosus, un réflexe
universel, que de se tourner vers le ciel, là où se
trouvent les dieux, le sacré.
Dans le monde entier (en Inde, à Bali, en Iran, au Japon, à
Babylone, en Amérique centrale) des montagnes sacrées
incarnent le lien entre la terre et le ciel. Combien de monastères
sont allés s'installer sur des montagnes ou des rochers. Tout
près de nous, nous en avons une magnifique illustration avec
le Mont Saint Michel.
Les flèches de la cathédrale taquinent le ciel. Ne disparaissent-elles
pas, souvent, dans la brume, tel un sommet de montagne. La tour lanterne,
puits de lumière est un moyen de capter et de faire descendre
vers les hommes cette lumière qui vient d'en haut. Tant d'audace,
tant d'élan forcent le plus indifférent visiteur à
lever la tête vers le haut, mouvement physique peut-être
suivi, qui sait?, par un mouvement de l'âme.
Troisième
symbole : rempart contre les forces mauvaises
Les
constructions élevées par les hommes vers le ciel servent
aussi souvent à conjurer les forces mauvaises des régions
inférieures Mircea Eliade rappelle qu'à Jérusalem,
le rocher du Temple refermait la bouche du Tehom, qui était
le lieu du chaos aquatique précédant la création
Il en était de même à Babylone, avec la porte
d'Apsu. Je ne m'attarderai pas sur cet aspect, mais qui n'a pas entendu
parler de la légende du volcan, prêt à se réveiller
sous notre cathédrale
Tous
ces symboles sont des réflexes archaïques, enfouis dans
notre inconscient d'individus prétendument libérés?
Une chronique récente de Martin Winkler sur France Inter expliquait
que la communication par gestes (mouvements de la tête, des
sourcils, sourires …) est enfouie au plus profond de notre cerveau
humain, depuis des millénaires; Il semble qu'il en va de même
pour ce que l'on appelé le "paganisme", qui n'est
autre qu'une sorte de religion naturelle ressentant le sacré
dans la nature, la terre, les sources, les astres, les arbres etc..
. Nous n'allons pas vers une France païenne comme l'écrivait
Mgr Hippolyte Simon, nous n'avons jamais perdu ce fonds païen.
Tous ces symboles ne sont pas détruits par le christianisme.
Mais la révélation apportée par la foi leur donne
une tout autre valeur.
Interprétation
chrétienne
Au
4ème siècle, l'empire romain confère au christianisme
un statut de religion quasi officielle.
Non seulement elle est autorisée, mais elle se voit associée
au gouvernement de l'empire.
C'est ainsi que des "épiscopi", littéralement
des surveillants sont chargés de responsabilités précises
sur des territoires nommés diocèses, ce qui signifie
tout bonnement districts. Outre la consécration des clercs
et l'administration des biens sacrés de l'église, ils
doivent encore gérer l'ordre, la justice, l'enseignement, les
œuvres charitables avec l'Hôtel Dieu. Ils se verront même
plus tard confier les poids et mesures et les foires et marchés.
C'est un peu le cadeau empoisonné de l'empire romain à
l'église catholique.
En
tout cas, l'évêque, autant que le pasteur des âmes,
devient un administrateur et un puissant. Chez nous, Geoffroy de Montbray,
au XIème siècle encore, est une parfaite illustration
de ce type d'évêques.
Il installe son église et sa demeure au cœur de l'urbs
fortifié, sur la hauteur, au centre même du pouvoir.
Encore plus imposante qu'aujourd'hui est alors la cathédrale,
si l'on songe à la dimension des maisons de l'époque,
et à leur nombre !
Ne
jugeons pas toutefois cette proximité, voire cette confusion
du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel avec nos mentalités
du XXIème siècle, près d'un siècle après
la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. N'oublions pas
qu'avec son inévitable cortège d'abus et d'égarements,
la chrétienté a été pendant des siècles
le moteur de la société, tant en matière d'œuvres
charitables, d'enseignement, que de recherche intellectuelle et de
création artistique.
"Vous
êtes le sel de la terre" Quand on a une lampe, on ne la
met pas sous le boisseau, mais on la place sur le lampadaire, nous
dit l'Evangile de Mathieu. De même, la cathédrale, image
vivante de la responsabilité pastorale de l'évêque
: rassembler, instruire, conduire vers le Père. Lumière
spirituelle pour son environnement depuis bientôt dix siècles,
la cathédrale se trouve ainsi encore aujourd'hui au voisinage
immédiat du lieu du pouvoir civil, l'Hôtel de Ville.
et c'est le pouvoir civil (avec bien d'autres organismes !) qui l'a
prise pour emblème ! Et lorsque l'Etat français, laïc
et républicain veut organiser un événement pour
marquer le passage au troisième millénaire, il organise
…une exposition sur les cathédrales !
Plus que jamais visible, même la nuit, est-elle aussi compréhensible?
Ou plutôt, comment est-elle comprise ?
Lumière
spirituelle elle demeure. Mais pour cela il faut qu'elle parle. Comme
le rappelait l'évêque du lieu dans un récent congrès
consacré au thème des églises, lieux privilégiés
de proposition de la foi, le message ne peut plus être supposé
connu. Nos églises parlent, disait encore le responsable national
de la Pastorale liturgique, mais elles doivent dire qu'elles sont
la maison de Dieu et des hommes, dans la culture et la société
d'aujourd'hui.
On
ne sait rien, ou pas grand chose, de la première cathédrale,
mais celle de Geoffroy de Montbray, consacrée en 1056 est déjà
très grande, afin de pouvoir rassembler la communauté
diocésaine. Celle de Hugues de Morville, que nous avons sous
les yeux en reprend les proportions, en les agrandissant encore.
Elle
reflète l'"explosion spirituelle" du XIIème
siècle, siècle d'une expansion démographique
sans précédent, accompagnée de l'apparition d'une
nouvelle classe sociale, celle des artisans et commerçants
urbains et de ce qu'Alain Erlande Brandebourg appelle la naissance
du bonheur de vivre dans la foi, après des siècles de
mépris du monde, de" contemptus mundi".
Le
chevet de la cathédrale de Coutances, construit à cette
époque, avec le nouveau chœur (à l'exception de
la circata, un peu plus tardive) est un véritable hymne à
la gloire de Dieu "au plus haut des cieux". Ce magnifique
chevet, que nous avons sous les yeux est un hymne à la transcendance
exprimé par la verticalité. Ces dizaines de lignes verticales
matérialisées par les tours, tourelles et flèches
conduisent vers le ciel, mais alors qu'en façade, c'est l'ascenseur
direct, ici c'est plutôt l'escalier avec cet étagement
progressif qui évoque une sorte de progression, d'escalier,
d'échelle de Jacob.
Il y a un chemin à accomplir pour monter vers Dieu. Mais au
sommet de cet étagement, la tour lanterne nous dit que, si
nous avons à nous tourner vers Dieu, Dieu lui, par le Christ,
ne cesse de descendre vers nous, de nous donner sa lumière,
au cœur même de notre humanité. C'est une grande
différence avec le Dieu caché, intimidant, du sentiment
primitif du sacré.
Par
son équilibre, sa beauté, son harmonie qui fait de cette
énorme masse de pierres une merveille de légèreté
et d'élégance, l'église de pierre est là
pour procurer aux fidèles un avant-goût de la beauté
du ciel. Il nous faut citer ici le célèbre Abbé
Suger de Saint Denis
"Par la beauté sensible, l'âme engourdie s'élève
à la vraie Beauté, et du lieu où elle gisait
engloutie, elle ressuscite au ciel en voyant la lumière de
ces splendeurs".
Nous savons combien l'abbaye de Saint-Denis est liée aux rois
de France
.
L'homme médiéval, nous dit l'historien André
Vauchez, conçoit ses relations avec son créateur sur
le modèle de celles qui existaient entre un roi et ses vassaux.
La cathédrale est aussi là pour manifester la royauté
du Christ, associé à sa Mère (La plupart des
cathédrales sont dédiées à Notre Dame)
Elle est l'image de la Jérusalem céleste."Tu es
le rocher qui nous sauve" C'est la citadelle de la foi.
Aujourd'hui,
Dieu est-il toujours dans le ciel? Que signifient les gratte-ciel,
que l'historien d'art Jean Gimpel avait osé comparer aux cathédrales
?
Le
Christ et sa Mère ont tous les deux fait la volonté
du Père. Ils ont acquiescé à la vocation que
le Père leur a tracée. Le bâtisseur médiéval
est dans la même posture lorsqu'il parachève la création
par son œuvre. Comme c'est encore plus évident au Mont
Saint Michel, la cathédrale couronnant son rocher est un AMEN
à la Création.
Quel
serait notre AMEN aujourd'hui ?
.
Ce XIIème siècle est également celui de l'apparition
(comme il a été exposé tout à l'heure)
des écoles et de la pensée scolastique Les sommes théologiques
qui en sont issues s'appuient sur les principes de clarification et
de "reductio ad unum"et fournissent à l'architecte
le désir et les moyens de rendre sensible l'ordre qui règne
dans la pensée et dans l'univers.
La fin première des éléments architecturaux est
certes d'assurer la stabilité de l'édifice, mais ces
derniers visent surtout à manifester par l'évidence
d'une logique visuelle l'unicité du principe qui préside
à la quête du vrai et du beau. Elan et verticalité
créent un sentiment d'unité et de dépouillement.
Si
magnifiquement homogène qu'elle nous paraisse (et elle l'est
en vérité par rapport à nombre de ses "sœurs"),
la cathédrale de Coutances est le résultat de plusieurs
campagnes de constructions, comme vous le savez bien, notamment au
niveau des chapelles latérales et de la circata. Peut-être,
en y réfléchissant, devons-nous en conclure et ne pas
oublier que chaque époque amène sa contribution originale
(ce qui est encore plus visible à l'intérieur) La foi
est une, mais toujours renouvelée, car interprétée
dans la culture de chaque époque. C'est l'éternelle
nouveauté de Dieu. Adrienne von Speyr disait "être
chrétien, c'est une éclosion perpétuelle".et
comme dit l'Ecriture "De commencement en commencement, nous irons
vers des commencements qui n'auront pas de fin…"
Quelle marque de notre époque trouve-t-on dans la cathédrale
?
Quelques
belles verrières contemporaines à l'intérieur.
A l'extérieur, le souvenir des échafaudages permanents,
signe d'un souci louable et constant de "maintenir" l'édifice
dans sa beauté originelle. Un éclairage, heureusement
réversible qui m'apparaît, personnellement comme à
contre-sens en deux points.
La variété des couleurs de lumière casse la merveilleuse
unité et pureté de la cathédrale.
L'éclairage
intérieur, qui transforme la cathédrale en lanterne
magique en faisant apparaître les vitraux à l'envers,
réduit ces derniers à des taches colorées dont
le sens est littéralement bouleversé et subverti. Ces
vitraux ont été conçus pour recevoir la lumière
du soleil, c'est-à-dire de Dieu, et non celle des hommes. Et
pour les voir, pour les déchiffrer, il faut entrer.
La
cathédrale est un signe, une invitation très large à
toute la communauté humaine. Elle nous dit "Venez et voyez".
Mais pour voir et comprendre, il faut entrer.
Pour
être initié, il faut franchir le seuil. Il faut vouloir
entrer dans la Tente de la rencontre pour pouvoir s'exclamer comme
Jacob "Voici la maison de Dieu; c'est la porte des cieux".
Pour
entrer, il faut une initiation, une démarche. Dans les premiers
siècles, le baptistère était un lieu séparé
de l'église. Les catéchumènes n'étaient
reçus dans la seconde qu'après être passés
dans le premier. Aujourd'hui, le baptistère, réduit
à une chapelle intérieure au lieu de culte, est toujours
symboliquement situé près de la porte. On vous en parlera
à l'intérieur.
Avant
de nous y retrouver, un dernier mot sur ce symbole très fort
de la porte, du seuil.
Le seuil qui sépare deux espaces indique en même temps
la distance entre le profane et le religieux. Son importance à
cet égard, manifesté dans nombre de civilisations, subsiste
encore un peu sous la forme de "la porte de l'évêque"
dont Agnés vous a parlé. Le grand portail, quant à
lui, s'ouvre dans les grandes circonstances. Mais il est significatif
que les portails latéraux aient été "banalisés"
au point de devenir les ouvertures d'une sorte de passage couvert
d'une partie de la ville vers l'autre. Le symbole du rite de passage
est devenu difficile à percevoir dans une société
où la prise de décision est tellement étirée
et diluée.
Nous
savons toutefois que les portails latéraux ont longtemps correspondu
à d'autres besoins de circulation, notamment au sein de la
"ville sainte" formée, par la cathédrale,
la résidence épiscopale, l'enclos canonial, l'école
cathédrale, l'Hôtel Dieu (pas à Coutances où
il semble s'être toujours situé au Pont de Soulles) et
dont on voit les traces avec l'évêché actuel,
la rue de "l'enclos Notre Dame", les maisons de la rue Pertuis
Trouard et la Maison diocésaine.
Nous savons qu'à une certaine époque, elle fut à
Coutances entièrement entourée de murs.
Des
fouilles récentes ont également révélé
la présence d'un cimetière, tout près de la cathédrale.
L'édifice lui-même contient plusieurs tombes, comme on
vous l'a indiqué tout à l'heure. La protection de l'enceinte
sacrée transformait même "les enfers" en lieu
du passeport pour l'éternité !
Aujourd'hui
moins dominatrice, moins sacrée peut-être, mais toujours
aussi belle, toujours perçue comme un symbole spirituel et
comme un havre de paix, la cathédrale vous ouvre ses portes.
Elle est peut-être moins le château-fort d'une puissante
institution, mais plus la maison de Dieu et des hommes, ces hommes
que d'âge en âge, il ne cesse d'aimer et d'appeler ses
enfants.
A
Coutances, le 9 février 2003
Dominique Husson-Le Saint †
Equipe Loisirs, Culture et Foi
du Diocèse de Coutances
BIBLIOGRAPHIE
Le
sacré et le profane de Mircéa Eliade Folio
Essais Gallimard 1965
La
spiritualité du Moyen Age occidental de André
Vauchez Points Histoire Seuil 1994
Architecture
gothique et pensée scolastique
de
Erwin Panowski Editions de Minuit 1992
La
cathédrale de Alain Erlande Brandebourg
Editions
Fayard 1989